L’ouvrage PhotoPaysage, Débattre du projet de paysage par la photographie, (Frédéric Pousin dir. Editions du EFFA ) cherche à instruire le rôle joué par la photographie dans les actions de gestion et de transformation des paysages ainsi que dans les débats auxquels celles-ci peuvent donner lieu. Et c’est l’actualité de ce débat que ce volume a pour ambition de refléter et nourrir. Ainsi, outre les essais scientifiques (Timothy Davis, Raphaële Bertho, Chris Wilson, Bruno Notteboom, Laurie Olin, Frédéric Pousin, Marie-Madeleine Ozdoba, Sonia Keravel, Franck Michel), il accueille la production de photographes (Alexandre Petzold, Edith Roux, Geoffroy Mathieu, Bertrand Stofleth, Debora Hunter) et la parole de paysagistes (Pascale Hannetel, Valérie Kauffmann, Catherine Mosbach, Gilles Clément, Laurie Olin)
L’exposition Paysages français, Une aventure photographique (1984-2017) retrace une histoire des commandes publiques de photographies en France depuis les années 1980. Ce colloque revient sur les projets de missions photographiques depuis les années 1980 en France mais aussi en Europe, et plus largement sur la construction d’une représentation du paysage national français depuis le XIXe siècle. Il s’agira de proposer une lecture aussi bien archéologique que prospective du paysage national articulant les questionnements esthétiques, politiques et sociaux. Comment les missions photographiques participent elles au renouvellement du regard depuis la Mission photographique de la DATAR des années 1980 jusqu’aux projets les plus contemporains ? Comment ces derniers peuvent ils contribuer à la réflexion sur le devenir de nos territoires menée par les institutions locales et nationales ? Quel dialogue instaurer entre la création, la recherche et les acteurs de l’aménagement autours des enjeux actuels des paysages ?
Aujourd’hui les opérations d’aménagement des paysages font appel à des professions multiples et les photographes sont de plus en plus souvent sollicités. En outre, le projet de paysage est un jeu d’acteurs complexe qui n’est plus mené de manière autonome par un seul paysagiste.
Le projet de recherche Photopaysage (ANR) s’est attaché à explorer les interactions fécondes entre photographes et professionnels du paysage en questionnant leurs pratiques. A partir des éclairages qu’apporte l’enquête, cette table ronde interrogera la place de la photographie du double point de vue de la démarche artistique et de la commande professionnelle.
Table ronde coordonnée par Frédéric Pousin, architecte, directeur de recherche au CNRS, responsable du programme Photopaysage (ANR-13-BSH3-0008-0) et Sonia Keravel, paysagiste, maitre de conférence à l’Ecole nationale supérieure de paysage de Versailles (ENSP). Avec la participation d’Alexandre Petzold, photographe et paysagiste ENSP, Emmanuelle Blanc, photographe et architecte, Jérôme Goze, directeur général délégué de la Fabrique de Bordeaux Métropole, Henri Bava, paysagiste ENSP, associé-fondateur de l’Agence TER Paris-Karlsruhe. En hommage à Jérémie Buchholtz, photographe à Bordeaux et Paris, et très récemment disparu.
Modération : Aude Mathé, responsable du programme Photographie et vidéo, Cité de l’architecture et du patrimoine
Une aventure photographique, 1984 – 2017
du 24 octobre 2017 au 4 février 2018François-Mitterrand / Galeries 1 et 2
Face à un paysage en mutation, Raymond Depardon, Lewis Baltz, Elina Brotherus et une centaine d’autres photographes tentent de dresser un nouveau « portrait » de la France. C’est le récit de cette aventure photographique, commencée à l’orée du XXIe siècle, que la BnF vous invite à découvrir au travers de plus de mille œuvres.
Dans l’atelier de la Mission, Regards de 15 photographes. 3 juillet-24 septembre 2017.
L’exposition Dans l’atelier de la Mission, Regards de 15 photographes qui se tient aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles du 3 juillet au 24 septembre 2017 se propose de revenir sur le tournant fondateur qu’a représenté la Mission photographique de la DATAR dans la carrière de ceux qui aujourd’hui comptent parmi les plus grands photographes contemporains.
C’est au printemps 1983, à l’occasion de ses vingt ans, que la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) lance une vaste commande artistique de photographies ayant pour objet de « représenter le paysage français des années 1980 ». Prévue pour une seule année à l’origine, la Mission va finalement durer jusqu’en 1988. Le projet réunit au final les travaux de vingt-neuf photographes, jeunes auteurs ou artistes confirmés, français et étrangers et devient un jalon presque mythique de l’histoire de la photographie de paysage en France comme en Europe.
Dans cette exposition il s’agit de revenir plus spécifiquement sur les travaux d’une partie des photographes afin d’observer le rôle de ce projet dans leur parcours créatif individuel, entre prise de risque formelle, confirmation d’un style ou émergence de nouvelles possibilités. Les clichés de la Mission photographique de la DATAR sont ainsi mis en regard de travaux antérieurs ou postérieurs et de documents d’archives inédits afin de mettre en perspective ces images devenues pour certaines de véritables « icônes » du genre. Cette démarche curatoriale a pour objet de les inscrire dans le temps long d’une démarche créative qui déborde l’instant décisif comme le temps de la mission, pour se développer pour certains sur plusieurs décennies.
Les commissaires de l’exposition sont Raphaële Bertho, maîtresse de conférences en Arts et historienne de la photographie, et Héloïse Conésa, conservatrice pour la photographie contemporaine à la Bibliothèque nationale de France. Son propos s’articule avec l’exposition Paysages français, une aventure photographique, 1984-2017 qui ouvrira ses portes à la BnF le 24 octobre 2017.
Photographes présentés : Dominique Auerbacher (1955), Gabriele Basilico (1944-2013), Alain Ceccaroli (1945), Despatin (1949) & Gobeli (1949), Robert Doisneau (1912-1994), Tom Drahos (1947), Pierre de Fenoyl (1945-1987), Jean-Louis Garnell (1954), Albert Giordan (1943), François Hers (1943), Josef Koudelka (1938), Christian Milovanoff (1948), Sophie Ristelhueber (1949), Holger Trülzsch (1939)
A l’occasion du Mois de la Photo du Grand Paris, héritier du Mois de la Photo, se déroulant habituellement en Novembre, 96 expositions s’offrent aux visiteurs, dans 32 communes : « De Clichy-sous-Bois, à Mantes-la-Jolie en passant par Versailles ou Châtenay-Malabry, le Mois de la Photo du Grand Paris fait sauter une ceinture trop souvent fantasmée mais bien réelle qu’est le boulevard périphérique, […] pour que la culture photographique reste vivante, accessible et rayonne bien au-delà de nos frontières » (Henry Chapier,
Président de la Maison Européenne de la Photographie).
La question du territoire et du paysage est un des thèmes abordés dans certaines manifestations de cette édition. Dans le cadre de notre projet de recherche PhotoPaysage, il nous a semblé pertinent de souligner la présence de quelques expositions mettant tout particulièrement en valeur ces liens entre photographie, paysage, urbanisme et vie en commun.
Quoi ? : Photographes non identifiés employés par l’entreprise Lapie Mathieu Pernot – « En avion au dessus de … » Dialogues entre Mathieu Pernot et le fonds Lapie
Où ? : Archives nationales – Pierrefitte-sur-Seine – Archives nationales (France), Pierrefitte-sur-Seine
Quand ? : 04/04/2017 – 19/09/2017
Les routes des parcs nationaux
L’émergence d’un patrimoine culturel et visuel inscrit dans le paysage américain
Vendredi 14.10.2016, 14:00, salle 12, École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville
RÉSUMÉ D’INTERVENTION
ENGLISH VERSION :
Tim Davis, a historian of the US National Park Service, introduced his newly published book through a series of conferences across Europe. On October 14th 2016, he gave a talk at the ENSAPB entitled “National Park Roads, a Legacy in the American Landscape”.
Davis emphasized the fact that millions of people travel on the National Parks Roads, but few think of them. This is of course intentional, as the roads have been designed to not be seen, which, for Davis, is unfortunate, as the roads are how most people experience the National Parks. Roads lead the traveler through the park and present the landscape as a choreographed park exploration. More importantly, when it comes to the preservation and the access of the parks, the designing of roads becomes one of the most fundamental aspects of the parks’ design and creation. The role of the National Parks is to present and preserve nature, as well as to provide access to it and roads are the sole meaning of doing so.
The first point Davis underlined in his presentation was that the idea of associating roads and parks, or rather cars and parks, seemed at first antithetical, but that part of his project was to shed light onroads being examples of harmonious architecture, design achievements as well as social achievements. Parks and roads have always gone together, as parks are social institutions that bring people in together, mainly through roads.
The first roads one could find in the National parks had various similarities: they had a serpentine curvature which reduced the need for excavation and allowed the road to follow the contour of the land so that it was more attractive and transported the viewer in a journey of exploration, as the curvature displayed the scenery. These roads were often dangerous, but this feeling was a part of the park experience, allowing the visitor to enjoy a more intimate relationship with nature. These roads, narrowed by trees and cliffs, combining the thrilling and the dangerous, enabled the visitor to have a taste of the notion of sublime. Officials, in order to protect this experience, tried to harmonize facilities such as guard walls and bridges with the surrounding landscape. The associated architecture was a rustic one, deriving from the American log cabin, built with colonial bricks, thus giving rise to a cultural landscape.
From the very beginning, movement was integral in viewing the park, as moving through space was a privileged matter. To deal with such a matter, Tim Davis went back to the origin of English gardens. In the XVIIIth century, carriage technology improved, thus enabling the philosophy on perception to change. Famous English gardens were designed to be seen through a carriage and this idea was used on a larger scale to design parks: the roads were specifically built for people who did not pay a direct attention to their surroundings, and were framing views with tree, presenting the landscape in an obvious way. They were the embodiment of a celebration of both technology and landscape.
The dawn of the XXth century saw the creation of the National Parks Service, which had to face the rise of the automobile. Issues regarding the inability of the infrastructure to handle a large flow of motorized vehicles lead to complaints and to the belief that some parts of the park should be free of cars. Officials feared that people would stop coming and started the promotion of auto camping and buses to keep a steady level of visitors. In addition to that, the NPS started to hire its own engineers and architects to make sure they had an appreciation for landscape value and did not destroy the scenery. Just before World War II, in 1941, the main constructions in the parks came to a halt: nature had finally be made accessible and a deep sense of achievement resulted from this.
After the war, the mission 66, a ten year program which aims were to improve the already aging infrastructures, was launched. A lot of objection could be heard from the general public, as roads were widened and modern architecture was introduced in the parks. People appreciated the history of park roads and were nostalgic over them : they understood that park roads had to be perceived as a historical achievement and that widening and straightening them was the worst thing that could happen to the park and to the traveler’s experience.
The issue of preserving the parks, regarding the landscape and the historic experience, as well as enabling a continuous access to the sites is still very up to date, as the impact of global warming becomes more and more apparent. Balancing preservation and access while facing this threat is already a challenge for the NPS, which will surely have to rely on the help of new technology, such as enhanced reality and digital images, to spare visitors, historians and environmentalists.
VERSION FRANCAISE :
Tim Davis est un historien spécialisé dans l’étude du département des parcs nationaux américains. Il a effectué une tournée européenne pour présenter dans les écoles d’architecture et de paysage son dernier ouvrage, intitulé « National Park Roads, a Legacy in the American Landscape ». A cette occasion, il a donné une conférence à l’ENSAPB le 14 Octobre 2016. Davis a commencé par présenter son travail en insistant sur le fait que des millions d’usagers utilisent les routes des parcs pour les traverser, mais que très peu les remarquent vraiment Ceci est bien évidemment intentionnel puisque les routes ont été conçues pour ne pas être perçues, ce qui, pour Davis, est assez malencontreux, car elles constituent selon lui le vecteur du ressenti de l’usager et de son expérience du parc. Elles mènent le voyageur à travers le territoire et présentent le paysage d’une manière presque chorégraphiée. L’aménagement des routes est également un des facteurs fondamentaux de la création et de l’aménagement des parcs eux-mêmes, puisqu’elles permettent l’accès au territoire et mettent en jeu sa préservation. Le rôle des parcs nationaux est de présenter et de préserver des espaces naturels autant que d’en garantir l’accessibilité : les routes sont le seul moyen de réunir ces différentes problématiques.
Davis a cherché à démontrer dans son ouvrage (ainsi que dans sa présentation) que malgré l’aspect contradictoire, voire même antithétique de l’association routes – parcs, ou plutôt de l’association voitures – parcs, les routes sont des exemples d’architecture harmonieuse ainsi que des réussites tant sur le plan de l’aménagement que sur le plan social. Les parcs et les routes ont toujours fonctionné ensemble, puisqu’un des aspects du parc est de créer du lien social, en connectant les usagers, principalement grâce au réseau routier.
Les premières routes construites dans les parcs nationaux étaient relativement similaires : elles étaient toutes basées sur une construction en courbe, réduisant ainsi le besoin d’excavation et suivant plus efficacement les contours des territoires. Cette disposition, plus pratique mais aussi plus esthétique, permet de transporter le visiteur à travers une exploration du paysage où les courbes permettaient le déploiement de vues choisies. Les routes étaient souvent dangereuses, mais le frisson d’angoisse faisait partie intégrante de l’expérience du parc, ce qui permettait au visiteur de profiter plus intimement de la nature. Ces routes, délimitées par des falaises et des fronts forestiers, faisait ressentir au spectateur l’exaltation du danger, lui faisant ainsi toucher du doigt la notion de sublime. Afin de préserver cette expérience, les responsables tâchèrent d’harmoniser bâti et paysage, afin que les ponts et les garde-fous nécessaire à la sécurité des visiteurs ne fassent pas obstacle à leur expérience. L’architecture présente dans les parcs donna naissance à un paysage culturel, avec des structures relevant plutôt d’un style rustique, inspiré des chalets américains en bois, ou d’un style colonial en briques.
La sensation de mouvement fut, dès les premières apparitions des parcs, une constante fondamentale dans la façon de percevoir ces territoires, puisque pouvoir se déplacer dans l’espace était alors un véritable privilège. Pour observer l’importance de cette problématique du mouvement de plus près, Tim Davis s’est penché sur ses origines, qu’on trouve dans les jardins anglais. Au XVIIIe siècle, la philosophie sur la perception évolua, suite à l’amélioration de certains types de transports comme les calèches. Les jardins anglais furent conçus pour être vus depuis l’intérieur d’une calèche en mouvement, et ce nouveau type de perception fut repris à plus grande échelle lors de l’aménagement des parcs. Les routes furent conçues pour des visiteurs ne faisant pas particulièrement attention à ce qui les entouraient, et présentaient le paysage d’une manière très directe, à travers un système de vues soigneusement composées. Les routes devinrent ainsi le symbole d’un accomplissement à la fois technique et paysager.
A l’aube du XXe siècle, le Département des Parcs Nationaux fut créé et dut faire face à l’essor de l’automobile. Des plaintes s’élevèrent suite à l’arrivée d’un flot important de véhicules, mettant à mal les infrastructures, ce qui implanta le désir de rendre certaines zones des parcs inaccessibles aux voitures. Les responsables s’inquiétèrent d’une possible baisse de fréquentation suite à ces réclamations, et cherchèrent à promouvoir certaines alternatives, comme le bus ou le camping afin de maintenir un niveau stable de visites. Le département se mit également à recruter ses propres ingénieurs et architectes afin de s’assurer de leur intérêt pour le paysage et sa préservation. A la veille de Seconde Guerre Mondiale, en 1941, la plupart des principales constructions furent finalisées : la nature avait enfin été rendue accessible, ce qui fut perçu comme une grande réussite.
Après la guerre, la mission 66 fût mise en place : ce programme s’étalant sur dix ans avait pour but d’améliorer les infrastructures vieillissantes. Le public souleva beaucoup d’objection au redressement et à l’élargissement des routes ainsi qu’à l’introduction d’une architecture plus moderne au sein des parcs. L’histoire du réseau routier des parcs était relativement reconnue et les usagers percevaient les périodes anciennes avec une certaine nostalgie, étant parfaitement conscients que des routes plus droites et plus larges ne pouvaient que dégrader la perception du parc et, par conséquence, l’expérience globale du visiteur.
Préserver les parcs, en prenant en compte à la fois le paysage et l’expérience historique, tout en permettant un accès permanent aux sites reste un problème d’actualité, d’autant plus depuis que les effets du réchauffement climatiques se font de plus en plus perceptibles. Arriver à un point d’équilibre entre accès et préservation, tout en prenant en compte ces effets, est un défi en soi pour le Département des Parcs Nationaux, qui, à l’avenir, devra sûrement s’appuyer sur les nouvelles technologies telles que la réalité augmentée ou l’imagerie numérique afin de concilier les besoins et les envies des visiteurs, des historiens et des protecteurs de l’environnement.
Conférence de Tim Davis à l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, 17 octobre 2016
Il y a des jours où on n’en peut plus de la ville, où nos yeux ne supportent plus de ne voir que des immeubles et nos oreilles de n’entendre que des moteurs… Alors on se souvient de la Nature, et on pense au Bois. On passe du trottoir au sentier et nous y voilà ! La rumeur de la ville s’éloigne, on est dans une prairie très loin. C’est la campagne, la forêt, l’enfance qui revient. On y croit, on y est. C’est une illusion vraie, un monde sauvage à portée de main, un lieu pour tous, riches et pauvres, français et étrangers, homos et hétéros, vieux et jeunes, vieux-jeu ou branchés. Le paradis retrouvé. Qui sait ?
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