J. B. Jackson: Field Research and Amateur Photographic Practices.

Jordi Ballesta

John Brinckerhoff Jackson : recherche de terrain et pratique photographique amateur

Jordi Ballesta s’attache ici à faire reconnaître la contribution fondamentale de J. B. Jackson à l’étude du paysage Américain, en géographie, en architecture et au sein des études culturelles. Peu de choses ont été écrites sur les expériences de terrain de Jackson, et sa façon d’acquérir et d’accumuler des connaissances, malgré la présence de nombreuses sources écrites et visuelles. Les photographies de Jackson sont une ressource inestimable concernant l’analyse exhaustive de ses recherches sur le terrain. Pour Ballesta, seules les diapositives produites par Jackson permettent de comprendre complètement les pratiques paysagères développées par ce dernier durant trois décennies. Cependant, Jackson ne se considérait pas comme un photographe, et la photographie n’était pas son principal outil de recherche : ainsi, la compréhension de sa pratique photographique nécessite une contextualisation de ses images au sein de son expérience physique et visuelle.

Le premier questionnement soulevé par l’auteur concerne l’intérêt de Jackson pour les méthodes de l’amateur. Selon Ballesta, les connaissances relatives au paysage de Jackson s’appuient sur une relation empirique avec son environnement immédiat, et sur son engagement personnel dans le contexte local. Jackson se présentait en tant qu’« étudiant de l’histoire paysagère », reniant le titre de spécialiste. Sa méthode de recherche s’appuyait non pas sur des conclusions mais sur le processus d’étude. Son approche amateur du travail sur le terrain impliquait des interactions régulières avec les habitants des territoires qu’il parcourrait. La photographie était pour lui un moyen de s’approprier le paysage ainsi que ses habitants. Cependant, Ballesta affirme que la compréhension théorique de Jackson en relation avec le paysage américain ne fut élaboré qu’a posteriori, après son retour à Santa Fe.

L’auteur évoque ensuite le rapport de Jackson au paysage, rapport qui s’incarnait dans la photographie. Malgré cela, Jackson était avant tout un géographe, prenant des notes par le biais de la photographie lorsqu’il interagissait directement avec le paysage. Ainsi, la photographie eut une profonde influence sur sa technique de recherche, et, indirectement, sur ses écrits. Durant de nombreuses années, Jackson s’attacha à définir la photographie dans des termes justes et précis. Il évoqua l’importance de regarder la photographie comme « au travers d’un objectif télescopique ». Il abandonna par la suite cette idée au profit d’une vision tournée vers les observations quotidiennes, où l’environnement immédiat du spectateur était perçu directement, « à travers un pare-brise, depuis la fenêtre d’une chambre ou d’un trottoir bondé […] ». Il tenta de créer une expérience visuelle ancrée dans la réalité quotidienne, au travers d’images qui questionneraient cette réalité plus qu’elles ne l’encadreraient. Il s’opposait à l’abstraction graphique ou aux qualités « photogéniques » d’un « déclin pittoresque » de certains photographes. Pour Jackson, la photographie impliquait bien plus qu’un simple enregistrement d’image. Il percevait la photographie vernaculaire comme allant au-delà du simple documentaire, englobant le monde et générant de la connaissance.

Ballesta conclue en affirmant que Jackson, tout en contribuant à l’établissement du vernaculaire contemporain en tant que sujet de recherche en architecture et en géographie, participa de façon simultanée à l’extension du champ d’étude de certains photographes, tout en privilégiant la pratique amateur.