J. B. Jackson’s Slides: Landscape Categories for Thinking and Learning.

Paul Groth

Les catégories du paysage pour penser et apprendre

La conférence de Paul Groth s’articulait autour d’une série de commentaires critiques de diapositives significatives de J. B. Jackson. Ces diapositives constituent une mémoire vivante de la façon dont il a conceptualisé le paysage américain. J. B. Jackson a passé une grande partie de sa vie à étudier le paysage en utilisant le dessin pour le représenter. Bien qu’ayant étudié la photographie aérienne pendant la Seconde Guerre mondiale, il a attendu les années 1970 pour pratiquer la photographie avec beaucoup de réticence au début.
Éditeur de la revue Landscape, il encourage ses auteurs à illustrer leurs articles avec des photographies, qu’il juxtapose parfois avec ses propres dessins. Dans les années 1960, J. B. Jackson commence à prendre des photos. Il ne cesse ensuite de photographier, plus activement à partir des années 1970. Les séminaires qu’il donne à Berkeley, mais également à Harvard, accueillent un nombre impressionnant d’étudiants ; pour faire face à cette popularité et rendre compte de ses réflexions, il recourt à l’appareil photo et à l’utilisation de photographies, qu’il apparente à des “notes visuelles”, pour illustrer ses cours. Il peut enseigner pendant trois quarts d’heure sans rien montrer, obligeant ses étudiants à penser d’abord.
Sa collection rassemble près de cinq mille diapositives 35 mm prises dans d’excellentes conditions de lumière. Elles cadrent parfaitement leur sujet et racontent toujours une histoire. Il avait beaucoup d’admiration pour le travail du photographe Miguel Gandert. Vers la fin des années 1980, il demande à celui-ci de prendre des photos de la vie quotidienne des habitants du Sud-Ouest. Ils voyagent alors ensemble ; J. B. Jackson indique ce qu’il veut obtenir et Gandert ajoute ses propres idées. Jackson dit de Gandert qu’il “savait ce qu’il voyait”.
Pour les transporter chaque année d’Harvard à Berkeley, J. B. Jackson glissaient ses photos dans des pochettes plastiques. Chaque pochette perforée de trois trous et stockée dans des classeurs à anneaux contenait environ une vingtaine de diapos. Les classeurs étaient plus ou moins épais. Sur la couverture était écrit un petit mémento destiné à pouvoir facilement retrouver les sujets des images. J.B. Jackson structurait ses diapositives selon quatre-vingt-seize catégories d’éléments de paysage, souvent déclinés en sous catégories. De nombreuses thématiques y sont répertoriées : cartes, transports, architecture domestique (dans laquelle il inclut le mobile-home), logements, pelouses, parcs, églises, etc. Il revenait souvent, dans ses cours, sur les maisons individuelles, soulignant la fierté de leurs propriétaires. Les catégories de J. B. Jackson le montrent à l’œuvre et pointent comment et quoi regarder. En 1995, il donne à l’Université du Nouveau-Mexique, via Chris Wilson, mille-huit-cents diapos sans cadres, envoyées dans une vulgaire boîte de bière, prouvant ainsi son peu d’intérêt à imaginer un possible avenir pour ces photos. Un an avant la mort de J. B. Jackson, P. Groth reçoit un ensemble de mille diapos classées qu’il avait l’habitude d’utiliser pour ses conférences.
Pensée et écriture ont toujours été de pair avec la manière de “regarder” de J. B. Jackson. Ses photos et leurs catégories, bien que partiales, représentent tout ce qu’un étudiant du paysage peut espérer : apprendre à partir de ce que l’on voit.