Bruno Notteboom
« Le paysage est un livre riche et somptueux que nous devons apprendre à lire » : le discours visuel et écrit de J. B. Jackson dans la revue Landscape
Photographies, dessins, cartes et symboles sont des médias permettant d’aider le lecteur de la revue Landscape à lire le paysage. Bruno Notteboom émet l’hypothèse que ces aides visuelles ne sont pas uniquement présentes afin d’étayer un discours écrit, mais participent à la construction d’une narration spécifique. Pour élaborer ce discours à travers les différents numéros de sa revue, J. B. Jackson s’appuie sur les illustrations. Un examen attentif de la revue révèle de nombreuses configurations visuelles et discursives. Notteboom se concentre sur les différentes lectures du paysage urbain se trouvant dans Landscape, entre 1950 et 1960. Les articles présentés par l’auteur ont ceci en commun qu’ils reflètent le refus de Jackson de ne regarder le paysage qu’à travers un prisme hégémonique.
Noteboom tâche de démontrer que dans l’œuvre de Jackson, et tout particulièrement dans la revue Landscape, les images ainsi que les signes graphiques sont des éléments essentiels à l’élaboration de son argumentaire. Ces derniers permettent la création d’arcs narratifs venant souvent renforcer les textes et redoubler leur structure. Le numéro célébrant le dixième anniversaire de la revue s’impose en tant qu’affirmation visuelle du discours tenu par Jackson durant les dix années précédentes, et annonce l’objectif des dix années à venir, celui de la compréhension d’un paysage humanisé. Dès 1962, ce numéro introduit dans le journal l’idée de « sémantique urbaine ». En parcourant Landscape, le lecteur est invité à se pencher sur le rôle de Jackson en tant qu’auteur mais également en tant qu’éditeur, puisque c’est à lui que revient la charge d’assembler les textes et les images de différents auteurs. En se livrant à cette manipulation, il élabore ainsi son propre discours, allant même parfois jusqu’à intégrer ses propres images dans les productions écrites d’autres auteurs, élaborant ainsi une histoire parallèle au texte.
Enfin l’auteur s’attache à montrer que l’apprentissage de la lecture du paysage était l’ambition principale de la revue Landscape. Le déchiffrement de ce « livre ouvert » qu’est le paysage n’a cependant pas été élaboré en suivant une méthode stricte. Le but de Jackson était d’ouvrir les yeux des lecteurs sur le monde tel qu’il était : ainsi, Landscape ne fournit pas de réponse précise, mais, suivant la stratégie d’apprentissage de Jackson, pousse ses lecteurs à poser les bonnes questions. Le discours écrit et visuel de Landscape n’est donc pas monolithique : il ouvre au contraire sur de multiples interprétations, et c’est ensuite au lecteur de trouver son propre chemin.