La collaboration d’Emmanuelle Blanc avec deux agences de paysage françaises.
Par Frédéric Pousin et Sonia Keravel
New Territories: Landscape Representation in Contemporary Photographic Practices
Humboldt-Universität zu Berlin, June 16 – 18, 2017
Cette communication est issue du programme de recherche « Photographie et paysage : savoirs, pratiques, projets », financé par l’Agence nationale de la recherche.
Les liens entre photographie et aménagement du territoire relève d’une histoire longue de plus d’un siècle et demi et les nombreuses missions photographiques du XIXè siècle comme celles de la première moitié du XXè siècle ont contribué à forger tout un pan de l’imaginaire de la photographie de paysage. En France, la mission photographique de la DATAR dans les années 1980 inaugure un nouveau genre de commande et déclenche de nombreuses initiatives dont les Observatoires photographiques du paysage et, plus récemment, le projet France(s) territoire liquide. Ce dernier, en dehors de toute commande institutionnelle, regroupe 43 photographes contribuant à construire une vision contemporaine du territoire français.
C’est sur cette toile de fond où se tissent des liens étroits entre photographie, aménagement et paysage, que s’inscrit notre recherche. Elle se concentre sur des projets, privilégiant les situations de transformation effectives du paysage et met en évidence la part qu’y joue la photographie. Car aujourd’hui, l’aménagement des paysages fait appel à des professions multiples et le projet de paysage est un jeu d’acteurs complexe, qui n’est plus mené de manière autonome par un seul paysagiste. Les photographes travaillent au côté des professionnels de l’aménagement et les frontières entre ces diverses pratiques deviennent de plus en plus poreuses. Nous faisons l’hypothèse qu’étudier les interactions entre photographes et paysagistes est à même d’instruire de manière originale la question du paysage, à la fois réalité et représentation.
Dans le cadre de cette intervention, nous présenterons les collaborations entre Emmanuelle Blanc, une des jeunes photographes qui a participé au projet France(s) territoire liquide et les agences de paysage Paula paysage et Champ libre paysage. Nous interrogerons la prégnance des cartes dans son travail, ainsi que son goût pour l’occupation humaine, fût-elle extrême. Nous expliciterons tant la commande que les affinités entre les personnes. Nous montrerons comment la démarche photographique d’Emmanuelle Blanc entre en dialogue avec celles des paysagistes pour dépasser la simple valorisation d’une réalisation et révéler aux concepteurs des aspects ignorés de leur projet. Des images d’un paysage d’altitude à celles d’un paysage de jardin ou de terrasse. Nous montrerons que le sens du paysage se construit dans la confrontation de pratiques artistiques et professionnelles.