Lin Chi-Ming
New Topographics : points de vue historiques
L’exposition New Topographics. Photographs of a Man-Altered Landscape, dont le commissaire était William Jenkins, constitue un remarquable événement historique dans l’histoire des expositions. Inaugurée en 1975 à la Georges Eastman House, elle a voyagé ensuite dans deux autres lieux. De taille plutôt restreinte, avec dix artistes (Robert Adams, Lewis Baltz, Bernd et Hilla Becher, John Deal, Frank Gohlke, Nicholas Nixon, John Schott, Stephen Shore, Henry Wessel Jr) et cent-soixante-huit photographies, elle a exercé une influence très importante, fondée sur l’usage du terme générique de “New Topographics”.
La reconstitution de l’exposition, en accord avec les tendances contemporaines des études et des pratiques muséales, a été réalisée en 2009. Cette présentation ambitieuse a voyagé dans le monde entier jusqu’en 2012. Elle a donné naissance à un catalogue beaucoup plus volumineux que les quarante-huit pages du catalogue initial, publié par la Georges Eastman House. Une étude multidisciplinaire, sous forme d’une collecte d’articles précédée d’une longue introduction, fut publiée récemment, en 2013 (Reframing the New Topographics). Ici même, au sein de l’Université du Nouveau-Mexique, se prépare une nouvelle exposition en dialogue avec les New Topographics.
Comme le révèle une étude bibliographique, l’exposition a été étudiée sous de multiples angles : esthétique, histoire de la photographie, histoire de l’art, étude des mouvements écologistes, Visual and Cultural Studies, études du paysage culturel, études cinématographiques, etc. Je propose, dans cette intervention, quelques remarques historiques. Tout d’abord, l’exposition possède sa propre histoire. Il est possible d’étudier sous un angle génétique le processus de sa conception, de sa préparation, de sa réalisation, incluant les publications liées et le devenir de l’exposition. En d’autres termes, la première partie de mon intervention a pour objet l’histoire même de l’exposition.
Dans un texte daté de 1975, il est mentionné que “cette présentation renvoie à l’histoire de la photographie tout entière” (Sally Walsh). Quelle est la relation entre les photographies des New Topographics et leurs précédents historiques ? Le concept de topographie mérite également une analyse approfondie : il pourrait renvoyer à la carte, aux études géographiques, aux images des lieux et des architectures vernaculaires ou, selon la propre formulation de William Jenkins, à “la description détaillée et précise d’un lieu particulier, d’une ville, d’une commune, d’un district, d’un état, d’une paroisse ou d’un territoire”. En comparaison avec les “vieilles” photographies topographiques, quel éclairage pourrions-nous jeter sur la modernité des New Topographics ?
Rendre compte des pratiques de la photographie de paysage après les New Topographics est un travail trop important à effectuer ici. Pour conclure cette session, je me limiterai à des remarques sur les travaux relatifs au paysage effectués par quelques photographes contemporains que j’ai personnellement fréquentés : Jean Baudrillard, Chang Chien-Chi, Chou Ching-hui, Andreas Walther et Kuo Ding-Yuan. Dans cette dernière partie, je ne me concentrerai pas sur la continuité et l’influence des New Topographics, mais sur les variations et sur d’autres contextualisations.