Laurie Olin
Voir c’est croire / Les apparences sont trompeuses.
La pratique paysagiste d’après-guerre dans ses relations à la photographie
Laurie Olin est revenu sur la période de l’après-guerre aux États-Unis, où la diffusion importante de projets de paysage dans des publications spécialisées (Architectural Forum, Architectural Record, Landscape Architecture, Progressive Architecture) et grand public (Life, Look, Collier’s Sunset, House Beautyful, National Geographic), a défini un véritable “paysage photographique”. En effet, la manière dont ces médias ont “cadré” les projets représentés a été constitutive de “l’équipement perceptif” du public américain amateur de design, y compris paysager – même si, au-delà de la dimension médiatique, cette “explosion photographique” était largement liée au retour au pays des GI, qui ramenaient des appareils photo dans leurs bagages.
En tant que paysagiste actif dans les années 1960, Laurie Olin a témoigné de l’impact de la photographie sur sa pratique : “c’est à travers les photographies que nous découvrions le monde”. Des photographes tels que Ezra Stoller ou Julius Shulman, dont les images inondaient la presse et les ouvrages spécialisés, jouèrent alors un rôle prépondérant dans le développement de “standards photographiques” : composition, cadrage, etc.
Laurie Olin a ensuite évoqué plusieurs événements ayant marqué l’époque des années 1960 en termes de paysagisme, tels l’exposition au MoMA et la publication du catalogue Modern Gardens and the Landscape en 1964, la réalisation d’un jardin moderniste en toiture du Kaiser Center à Oakland en Californie, véritable “paysage utopique”, ou encore les “paysages imaginaires” d’Isamu Noguchi, particulièrement adaptés aux codes de la photographie d’architecture, contrairement aux environnements naturels.
Dans la dernière partie de sa présentation, Laurie Olin a abordé les usages photographiques au sein de son agence, Olin Studio, où la documentation photographique de projets joue un rôle majeur. Il a rappelé les fonctionnements antérieurs à l’avènement de la photographie numérique, où les clichés étaient classés par dossiers, selon les catégories “existant”, “en projet”, “en construction” et “réalisé”. L’archivage de plans et de dessins constituait également un important usage de la photographie en agence.
Établissant un lien entre le “paysage photographique” d’après-guerre et la période actuelle, Laurie Olin a souligné la véritable “utopie photographique” aujourd’hui disponible via Internet, dont il est fait un usage quotidien dans son agence. Pour terminer, il a abordé les pratiques visuelles les plus avancées qu’il met en œuvre aujourd’hui en tant que praticien, telles que les images composites associant modélisation 3D et bibliothèques photographiques, réalisées sur des logiciels comme Photoshop.