Helen L. Horowitz
L’œil averti derrière l’objectif de J. B. Jackson
Helen Horowitz s’interroge sur ce qui a conduit J. B. Jackson à prendre ses photographies. Comment choisissait-il ses sujets ? Comment cadrait-il les scènes dans l’objectif de son appareil photo ? Puisqu’elle n’était pas avec lui quand il prenait des photos, elle propose de s’appuyer sur des entretiens, des écrits et des dessins pour mieux comprendre les univers éthiques et esthétiques qui ont façonné l’œil de J. B. Jackson.
Il est courant de dire que J. B. Jackson avait un œil. Cette vision particulière vient de ses différentes expériences : son expérience militaire pendant la seconde guerre mondiale, son passage par la géographie humaine et sa connaissance des photographies aériennes, son goût pour l’histoire de l’art, l’art baroque et l’architecture en particulier, mais aussi les réminiscences de son enfance dans un milieu aristocrate. De son séjour en Suisse lorsqu’il était enfant, par exemple, il conserve un goût pour les paysages ouverts et la prairie plutôt que la forêt. J. B. Jackson appréciait aussi beaucoup l’exubérance des “strips” – les quartiers de commerce, de divertissement, de restauration et de circulation automobile au bord des villes américaines – dont il cherchait à capturer la lumière et le mouvement dans ses photographies. Il aimait se déplacer en voiture et en moto, et il appréciait l’expérience de la vitesse.
Au fil du temps, J. B. Jackson donnait de plus en plus d’importance à ce qu’il appelait le “vernaculaire”, autrement dit l’utilitaire. Il aimait les garages réinvestis en lieu de travail, les pelouses utilisées pour stocker des pièces de voitures, et les mobile-homes. Il faisait une distinction entre l’establishment et le vernaculaire. Parallèlement à cela, il avait une relation de plus en plus proche avec ses voisins de La Cienega, la petite ville à l’extérieur de Santa Fe où il a vécu. J. B. Jackson cherchait à comprendre le monde autour de lui. Il prônait une nouvelle approche de l’environnement et une nouvelle approche de l’autre.